Collectif Le Bourdon


Procession.



En résidence du 07 au 12 juin



Capture d’écran 2022-01-20 à 15.22.19


MISE EN SCENE


Laurène MAZAUDIER

AU PLATEAU : 10 COMEDIEN.NE.S


Anouk AGNIEL, Florent BARET, Léa CAMPISTRON, Loïc DEROUINEAU, Aude EVELLIER, Maya MARTINEZ, Joséphine PICARD, Julien RATEAU, Lula PARIS.


INTENTION


Procession. c’est une grande traversée, une déambulation chorégraphique et plastique, une diagonale infinie. C’est une succession de figures saugrenues qui marchent au diapason, les unes à la suite des autres, comme pour une cérémonie absurde dont on ignore le but. C’est un cortège fantasque de figures : La femme poussiéreuse, l’Homme téléphone et son ombre amoureuse, l’homme au rouge, une Madone et son dévot, la femme qui s’arrache des larmes et la boulimique à la couronne de fleur. Pour accompagner ce cortège : une chanteuse lyrique un rien diva, en contrepoint statique, et, témoin de cette parade, une babouchka* espiègle, dont la trajectoire chaotique vient casser la linéarité de la procession.

Chacun se présente inlassablement devant le public comme une offrande rituelle. Ils revêtent leurs oripeaux de solitudes, traînent avec eux névroses et espoirs fous et viennent cérémonieusement s’exposer. Se laisser au jugement. 3 pas en avant, 2 pas en arrière et ainsi de suite jusqu’à ce que, leur but atteint, ils reviennent à la queue du cortège et récidivent. 10 figures donc, qui, dans cette célébration, sont autant de Sisyphe acharnés et grotesques. Supplice ou bénédiction, ils s’engouffrent dans cet exercice de répétition, défiant la finitude du temps de la représentation, la finitude du plateau. Et parfois, là, dans cette cérémonie, une parole peut surgir. Mettre des mots sur ces pensées jusque là tues.

Ce que j’aime, ce que je recherche, c’est un moment d’hypnose, un suspens dans la toile de ce temps commun, au présent avec le public : mettre en place une action prévisible, vue et revue, inscrite dans une trajectoire dont on connaît l’issue et, grâce à ce terreau de certitude, faire fleurir la surprise sans qu’on l’ait vue venir. Pour le spectateur, c’est une invitation à la transe, à entrer et sortir d’une force centrifuge. Tout en maintenant ce doute : ce dont je suis témoin, dois-je en rire ou en pleurer ?


Hangar - PP2 - 2021-71


GENESE ET SYMBOLIQUE JUNGIENNE.


Ce projet naît d’insomnies, de ces nuits en pointillés qui convoquent parfois une succession de fantômes, d’images et de figures. Devenu matériaux, tous ces fantasmes ont été mis à l’épreuve d’une forme où je les ais contraints mais aussi du public, pour vérifier leur potentiel d’universel. Est- ce que ce qui me parle, d’une manière indicible, peut toucher l’autre et lui parler différemment ? Comment mesurer ces écarts ?

C’est un amas de symboles vivants, au sens Jungien, porteurs de sens abstrait mais qui touchent au sensible dans les lectures subjectives que chacun peut en avoir. C'est là, du moins, ma prétention.

Le symbole vivant est la meilleure expression possible de l’indicible comme l’explique ici Jung dans Types Psychologiques :

« [Le symbole n’est] ni rationnel ni irrationnel. D’une part accessible à la raison, il lui échappe d’autre part, puisqu’il est composé, à côté des données rationnelles, de celles, irrationnelles, qui viennent de la pure perception interne et externe. Par son côté divinatoire, par sa signification cachée, le symbole fait vibrer la pensée autant que le sentiment; sa singulière plasticité le revêt de formes sensoriellement perceptibles qui excitent la sensation autant que l’intuition. »


Dans Procession., c’est cette recherche-là du symbole que je poursuis : quelque chose, une image, un costume, une action, une relation, une parole, existe sans chercher à imposer un sens, sans se vêtir d'une signification claire et finit par ne plus appartenir à personne mais à tout le monde.


Hangar - PP2 - 2021-74