Cie 90è Parallèle


Bivouac


En résidence du 20 au 26 septembre


BIVOUAC COVER

Jeu et mise en scène : Aurore Marc
Regards extérieurs, aide à la mise-en-scène: Léa Saunal - Valentine Porteneuve
Structure de production: Le Kazico

Note d'intention


Selon Vladimir Jankélévitch : pour être “heureux”, ou disons pour bien habiter l’instant présent, il faut le considérer comme s’il était soit le premier, soit le dernier de notre vie.
Au départ, la montagne, la randonnée. Lors de nos premiers temps de recherche, nous posons au plateau l’univers de la montagne, propice aux introspections, à questionner sa place dans le monde. Nous trouvons des figures, inhibées dans leur corps social, mais pas complètement, quelque chose d’étrange et de grave les agite, les décale. Une me- nace souterraine. L’empreinte de quelque chose d’énorme qui s’est passé ? Qui va se passer ? Quelque part, la fin du monde, on ne peut pas y croire. C’est du fantasme, c’est du délire. Et bien justement.
Face à la fin de son monde intérieur ou du monde global, qu’est-ce qui jaillit ? Convoquer une atmosphère de fin du monde, c’est se rendre propice aux démantèlements de toutes les censures (comme dans Les Derniers Jours du monde des frères Larrieu), et de tous les impératifs sociaux. En travaillant à partir de la menace souterraine, nous vou- lons faire jaillir des élans qui dépassent le social. Nous misons sur une impression diffuse de menace car il s’agit de ne surtout pas tomber dans l’écueil d’un film-catastrophe (d’ailleurs nous ne sommes pas au cinéma), mais d’opérer une distanciation face à la fas- cination de la catastrophe. Ce qui nous intéresse notamment ici, c’est de faire surgir et traiter cette illusion narcissique qui nous a dit, enfant que le monde nous attendait, nous avions un rôle à y jouer. Illusion qui s’estompe avec l’âge, mais est-ce qu’elle ne subsiste pas encore un peu quelque part dans notre corps adulte ? Elle a nourri nos désirs de grandeur, nous a donné l’élan de nous jeter dans le monde. Que faire quand cette illusion meurt ou fane ? Ou bien, si elle ne meurt pas tandis que le monde meurt ? Questionner l’effondrement, au sens intime, dans l’ordinaire et dans l’extraordinaire.

Extraits de texte


« Il faut dire qu’on a tous un peu plus de 50 voire un peu moins de 70 dans mon groupe et quand on regardait le cou de jean luc – quand on s’est tous penché sur ces petites peaux mortes et ses mutations de domiciles intraveineuses qui lui habitaient l’occiput on s’est tous regardé et on s’est dit – bon sang – il va pas finir la rando – bon sang – Jean Luc – mais qu’est-ce qu’on va lui dire – heureusement que c’était derrière sa tête – il a pas pu nous voir – la tête qu’on faisait – pas d’cha- peau jean luc – pas d’problème – pas d’chapeau – bon – alors
Le couché de soleil était merveilleux ce jour-là »

« Nous venons ici et nous vous regardons
Humains tristement
Nous apparaissons devant vous dans nos corps
enfants faits de sable (sur) nos têtes des couronnes
autour de nos cous de roche des colliers

Voici ma sœur et moi à vous donner à vous délivrer le présage funeste
de la divinité sans nom nous sommes les filles
Nous sommes les enfants oracles de la grande Dune du Pilat

Nous sommes les annonciations nous sommes venus vous dire ce que déjà il y a

plusieurs milliers d’années nous avions venus déjà nous vous regardons depuis longtemps tirer
de vos vies les ficelles
lâchez vos ficelles
ce qui vous dépasse écoutez plutôt
la prophétie qui bientôt s’accomplira »