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Duo voix guitare avec
MARILYN LERAY & NICOLAS LAFOUREST



Le Bruit et La Fureur, comme le laisse percevoir le titre de ce roman, se vit, se ressent plus qu’il ne s’intellectualise. Après plusieurs lectures de cette œuvre majeure de la littérature américaine et ma décision de travailler sur ce texte pour pouvoir l’amener à la scène, une question s’est alors imposée à moi de manière très instinctive et ne m’a pas lâché depuis : je souhaite que le texte surgisse, existe, résonne chez le spectacteur.ice comme un bruit, une suite de sons, voir une mélodie accidentée. Les mots et ce qu’ils demandent de compréhension dès qu’ils sont formulés exigent en effet cet effort de réflexion, d’une recherche de sens, alors que la musique au contraire nous parvient immédiatement. Il me semble que si on envisage de traiter la parole en s’approchant au plus de cette sorte d’immédiateté, on peut provoquer une façon différente de dire qui est plus de l’ordre du ressenti. J’ai donc décidé d’intégrer à cette recherche d’adaptation un travail avec des musicien.nes.


Comme avec le roman Le Bruit et la Fureur, dont la narration est très spécifique, ce que nous souhaitons exprimer avec Nicolas est de l’ordre de la confusion, de la douleur, de l’inachevé, des phrases qu’on commence et qu’on ne termine pas ... Les mots surgiront, avec quelque chose de mystérieux faisant place à ce qui n’est pas dit, tandis que les arrêts, les silences, la respiration, le souffle qui manque ou la voix qui déraille, seront autant d’éléments qui fabriqueront cette forme de récit. La musique portera la voix comme la voix emmènera la musique, elle composera avec les sons, des sons qui pourront contrecarrer les mots, tandis que le rythme en accidentera le chemin.

Le choix de l’instrument n’est pas anodin car la guitare électrique peu exprimer cette sensation de hurlement, de son qui crisse, d’obsessions récurrentes par un effet de boucle incessante. Ce que nous recherchons c’est cette mélodie hachée qu’on aimerait faire durer, un espace sonore dans lequel le spectacteur.ice pourra se laisser entraîner, lui permettant de se plonger dans ses propres pensées, et l’emmener sur un terrain plus mélancolique pour le retourner ensuite brutalement comme une feuille vers une dimension plus agressive, chaotique, quelque chose qui crisse en lui, mais sans forcément comprendre d’où vient cette sensation et pourquoi.


LE CAFE VAINQUEUR



est une compagnie au sein de laquelle Marilyn Leray travaille en tant que metteure en scène et comédienne. Elle aborde le plateau en adaptant des romans et textes littéraires. La question de l’adaptation est au centre de son travail : l’adaptation du récit au plateau, le traitement de celui-ci et la recherche sur la narration, sur les formes convoquées suivant l’écriture et le texte choisi. La notion de défi s’invite souvent dans les choix des textes, mais c’est surtout l’écriture qui l’intéresse : emmener l’écriture au plateau et la travailler, pour qu’elle devienne orale et concrète. Ses thèmes de prédilection abordent l’individu, sa solitude contre le groupe, la norme et le conformisme.
Le Café Vainqueur, précédemment LTK Production, a été créé en 2012 à la suite de la rencontre de Marilyn Leray avec le vidéaste Marc Tsypkine de Kerblay avec qui elle co- réalisera dès 2005 plusieurs pièces : La Cuisine d’Elvis de Lee Hall (2005), Un bateau pour les poupées de Miléna Markovic (2011), Les Névroses sexuelles de nos parents de Lukas Bärfuss (2014) et une adaptation, Saint Sauveur sur le sang versé, d’après catégorie 3.1 de Lars Norén (2012).
En 2012, la découverte du texte Zone de Mathias Enard fait naître chez Marilyn Leray une envie différente de travailler, notamment celle de donner la priorité au temps : temps de la réflexion, de la maturation, temps de la construction et de la répétition. L’adaptation au plateau du texte Zone de Mathias Enard par Marilyn prendra plusieurs années, la création ayant lieu en février 2017 à la Halle aux grains, scène nationale de Blois. En 2018, elle met en scène Avril, premier texte jeune public de Sophie Merceron et renomme sa propre compagnie : Le Café Vainqueur. Ces spectacles font toujours partis du répertoire de la compagnie. L’adaptation du roman Martin Eden de Jack London voit le jour en novembre 2021 au Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire.