Massacre à Paris
Christopher Marlowe

mise en scène Marie-Angèle Vaurs
scénographe
Michel Mathieu
direction d’acteur
Jean-Marie Champagne
Assistant
Lionel Boireau
Attaché de production
Jean-Paul Mestre

Avec Sophie Berneyron, Jean-Marie Champagne, Diane Launay, Carol Larruy, Jacky Lecannellier, Kaf Malère, Michel Mathieu, Alex Moreu, Quentin Siesling.


Pasted Graphic

Ce qui nous a d’emblée frappé c’est l’actualité extraordinaire de ce texte sur le plan « politique » et la modernité de l’écriture. L’envie de le monter est directement liée à ces 2 constats.

L’événement retracé par Massacre à Paris est celui de la St Barthélémy : le 18 août 1872 Catherine de Médicis marie sa fille Marguerite de Valois – catholique - à Henri de Navarre –Protestant. Le 22 août l’Amiral de Coligny – personnage très important de la faction protestante – est victime d’un attentat. Les calvinistes sont scandalisés et pour prévenir des émeutes et coups de feu, le roi Charles IX, et son entourage – la reine mère, les Guise, le duc d’Anjou (frère du roi) et quelques autres vont décider de tuer tous les chefs protestants présents à Paris en raison du mariage, à l’exception des Princes de sang. Une véritable folie meurtrière s’empare des catholiques. Au son des cloches lancées à toute volée le massacre va commencer et se poursuivre toute la nuit avec en tête le duc d’Anjou, frère du roi. Après les chefs huguenots, c’est au tour du petit peuple d’être passé par les armes. …
« Le coeur de la pièce et son véritable centre d'intérêt [...] c'est le passage sanglant d'une époque à une autre, la prise du pouvoir par l'assassinat politique en série, la démystification de la guerre dite "de religion" au service de la volonté de puissance, loin de toute métaphysique » écrit Patrice Chéreau lorsqu’il met en scène la pièce en 1972.
Ces phrases résonnent fortement ici et maintenant. La religion est de nouveau brandie comme un étendard. Il ne s’agit plus de l’opposition des catholiques contre les protestants. Cette histoire là a été réglée et nous paraît fort lointaine. Par contre reste toujours d’actualité – d’une actualité brûlante – le droit de tuer – le devoir de tuer devrions nous dire – au nom de DIEU. Et derrière cette injonction se cachent les véritables enjeux politiques, territoriaux, vengeurs …
Marlowe écrit avec l’énergie de ses 29 ans, dans l’urgence, dans la rage. Il est contemporain du massacre. L’écriture est « sèche », va directement à l’essentiel. Les phrases sont courtes. Tout va très vite. Les meurtres succèdent aux meurtres à un rythme infernal. On tue avec facilité, sans état d’âme, sans le moindre doute, sans remord. Il y a quelque chose de fascinant dans cette allégresse pour tuer, dépecer, transpercer. L’écriture n’a pas de temps à perdre en explications. Pas d’envolées lyriques comme chez Shakespeare ; de l’action, toujours de l’action.
Pour être aussi proche que possible de cette parole « pressée », de cette urgence que nous percevons dans l’écriture, nous envisageons de travailler dans un espace nu, un espace du tout possible. Il s’agit d’abord de faire entendre le texte dans toute sa limpidité : « Ce n’est pas que les mots n’y ont pas de chair, ni que le langage y serait transparent à la vie, mais c’est que la parole y est concrètement de l’information, drôle ou effrayante, à saisir sur le vif par le public, dans l’immédiat de sa profération » écrit le traducteur Pascal Collin.
Cernant cet espace sur les trois côtés, des pantins - figurant le peuple – assistent en spectateurs aux échanges des protagonistes avant d’être eux-mêmes impliqués très directement dans le massacre : soit protégés parce que marqués d’une croix blanche soit jetés en pâture dans le maelstrom de folie - démembrés, décapités, écartelés, empalés - parce que reconnus comme hérétiques.
Une place importante sera accordée à la musique avec la présence sur le plateau d’une « gambiste ». Elle travaillera en relation avec les acteurs et les différents moments de la pièce, allant de la musique baroque la plus classique à une distorsion des sons brisant ce classicisme.